Atelier Syndicalisme et écologie - des approches diverses et complémentaires ? - 18 Août 2022 - avec Ophélie Vildey pour Solidaires
Ophélie Vildey (Union syndicale Solidaires), Antoine Vigot (FSU), Gueric Bosmans (FGTB, Belgique)
Antoine est revenu sur les difficultés de défendre les droits de travailleurs et dans le même temps changer le système de production.
C’est un Combat systémique et nous avons besoin de nouer des alliances larges.
Le réchauffement climatique a un impact sur les conditions de travail.
Nous devons faire face aussi à nos contradictions. Lors de canicules nous nous battons pour travailler dans de bonnes conditions de travail. Cela pose la question de la climatisation. Et nous sommes face au dilemme : exigences sociales vs écologie.
A la FSU nous sommes en train de faire une enquête sur l'emprunte carbone des établissements scolaires.
Dilemme sauver l'emploi / sauver la planète. C'est ce dilemme là que nous essayons de dépasser avec le collectif Plus Jamais Ca.
Gueric (FGTB, Belgique) Nous nous battons pour le contrôle ouvrier dans les entreprises (autogestion). La réduction du temps de travail est aussi une revendication écologique.
Elle questionne le productivisme.
Nous devons lier la question écologique avec des processus de production moins énergivores.
La question des salaires a aussi une incidence écologique : il est impossible de consommer bio par exemple pour beaucoup de ménage.
Certains réclament la hausse des prix de l'énergie pour diminuer la consommation d'énergie, mais ce sont toujours les mêmes personnes qui vont pâtir le plus de cette mesure: des travailleurs et travailleuses qui peine à arriver à la fin du mois. Et ce sont aussi celles qui consomment déjà le moins.
Ophélie est revenue sur les construction de luttes écologiques en interprofessionnel dans Solidaires avec notamment la commission écologie de Solidaires.
L écologie est un sujet transverse de notre activité syndicale.
Le travail quotidien des militant-es syndicaux peut paraître éloigné des questions posées par l’écologie voire même peut devenir dérangeant lorsqu’elle remet en cause directement l’activité des travailleurs et travailleuses.
Pour Solidaires, l’urgence à agir sur le front écologique rejoint l’urgence à trouver un autre modèle productif que celui du capitalisme. En effet le système capitaliste est basé sur le productivisme, l’hyperconsommation et l'extractivisme. C’est à la fois la surexploitation des ressources naturelles et celle des travailleurs et travailleuses. Les reconversions industrielles, les changements à faire pour le transport, la production d’énergie sont nécessaires, indispensables, mais ne pourront pas se faire sans les salarié·es.
La «reconversion» doit s’accompagner de droits sociaux à définir, de la place des salarié·es dans les décisions (coopératives, socialisation, autogestion). C’est pourquoi en juin 2021 Solidaires a organisé 2 journées consacrées aux reconversions sociales et écologiques auxquelles ont participé plus d’une cinquantaine de militant-es. Il s’est aussi posée les mêmes questions que celles déjà cité par mes camarades: comment faire face à la dichotomie exigences sociales VS urgences climatiques.
C’est un enjeu crucial : au moment où les entreprises fermes, les combats sont sur le maintien de l’entreprise, et difficilement sur la reconversion.
Il est aussi ressorti de ces journées que le syndicat devait participer plus aux collectifs de luttes avec des associations ou ONG, tout en maintenant son approche syndicale de défense des travailleurs et travailleuses. Et que PJC alliances écologiques et sociales répondait à cette demande.
Ces journées seront renouvelées en janvier 2023 et s'intègrerons dans la campagne “Partageons le Travail” de Solidaires. Nous devons accélérer la réflexion et les propositions concrètes dans les syndicats sur le sujet, en particulier sur la question des reconversions écologiques. Quelles revendications et quels leviers dans nos secteurs et territoires pour faire face à l’urgence climatique ? Et Solidaires a également proposé à la FSU et à la CGT d’organiser des rencontres intersyndicales écologistes qui devraient se mettre en place à l’automne 2023.
Enfin pour revenir au travail que l'on mène avec PJC Alliance pour une Rupture Ecologique et Sociale, nous avons lancé cet été une campagne pour mettre en place un mécanisme de taxation de ces super profits et d’en affecter le produit à des mesures d’urgence, ciblées, destinées aux ménages les plus impactés par les hausses de prix, tout en accélérant la transition écologique... N'oublions que ce sont les mêmes qui se font des mégaprofits sur le dos des travailleurs et travailleuses et sur les crises sanitaires et climatiques.
Compte-rendu de l’atelier sur la grève féministe - 18 août 2022 - avec Murielle Guilbert pour Solidaires
Participant-es : Huayra Llanqe (ATTAC France), Assumpta Barbens (IAC, syndicat de service publics de Catalogne), Malika (Belgique), et Naomi (réseau transfrontière 8 mars-Suisse), Murielle Guilbert (Solidaires).
L’objectif de cet atelier était de croiser les expériences, d’interroger toutes les dimensions de la grève féministe, et de réfléchir à des mobilisations communes. L’atelier a vu la participation de camarades d’Allemagne, du Portugal, de Russie, de Norvège... ce qui a fortement enrichi les débats.
3 aspects de la grève féministe ont été travaillés en sous-ateliers participatifs :
- la grève du travail et celle de la consommation :
Il a été souligné qu’il fallait évidemment combattre le capitalisme, porteur des inégalités, de la destruction de la planète, mais que cela devait obligatoirement se coupler avec le combat contre le patriarcat. Bloquer l’économie par la grève du travail (but potentiel de la cessation du travail..) ne suffira pas en soi.
Le lien entre la mise en avant de revendications féministes quelles que soient les sujets (retraites, santé, salaires, emplois..) et un 8 mars de grève réussi a été souligné. En France, le mouvement des retraites et le travail fait sur l’impact de la réforme des retraites sur les femmes, a certainement contribué au 8 mars 2020 d’ampleur à Paris.
La grève féministe peut aussi s’inspirer des grèves « classiques » qui se préparent très en amont pour être réussies : c’est par exemple avoir des communications féministes à l’ensemble des adhérent-es, camarades tous les 8 du mois.
Toutes les femmes ne peuvent pas se permettre ou n’ont pas accès à la grève du travail :
les précaires, les femmes sans-papiers se sentent du coup « exclues » d’un appel à la grève classique. Il peut certes y avoir la mise en place d’un soutien matériel ou financier mais cela ne résout pas tout..Les femmes ont bien sûr un rôle essentiel dans la consommation (ce sont elles qui gèrent majoritairement les tâches domestiques). Il faut revendiquer « plus de travail pour les hommes à la maison ! »
La grève de la consommation peut être une participation active à la grève féministe :
cela peut être aussi en changeant de fournisseur d’énergie, de banque, et peut-être organiser plus largement un boycott international des multinationales qui ne respectent pas les droits humains, l’environnement. Ces multinationales aussi qui soutiennent des régimes dictatoriaux, indirectement des guerres..
- la grève de l’éducation :
Elle peut se faire dans tous les établissements d’éducation, de la crèche à l’université...mais aussi dans la famille. Le rôle de l’éducation est central dans la lutte contre le patriarcat. Les revendications doivent porter sur le contenu des programmes, et sur une éducation à tous les niveaux non sexistes. C’est aussi intégrer ce qu’est une grève féministe à nos formations dans nos organisations militantes. Revendiquer des budgets renforcés pour l’éducation, créer des réseaux féministes internationaux de femmes, revendiquer une revalorisation salariale des métiers de l’éducation essentiellement occupés par les femmes.
- la grève des soins :
Les femmes sont essentiellement en charge des soins, des enfants, des parents vieillissants ou malades..et essentiellement présentes dans le secteur de la santé et du social.
A la maison, c’est de la charge mentale (« qui est certes de l’amour, mais aussi du travail non payé »).
Difficultés à cesser les soins, professionnellement (réquisitions..) ou personnellement (ne peut mettre à mal les personnes soignées..). = déléguer ces soins aux hommes qui veulent prendre leur part à la grève féministe.
Revendiquer que les hommes prennent leur part dans le soin.
Dans les manifestations visibiliser les personnels de santé, faire des badges symboliques pour celles qui doivent continuer à travailler…
Conclusion :
Faire prendre de l’ampleur à la grève féministe pourra aussi passer par renforcer le réseau transfrontalier de la grève féministe.
Les suisses ne sont pas sur la date du 8 mars, mais celle du 15 juin (référence à une grève d’ampleur des années 1990). Elles proposent de construire une grève d’ampleur à cette date également, et inviteront à une réunion préparatoire, avec comme objectif 2023.
Les initiatives européennes autour de la lutte pour l’avortement sont également en train de se dessiner et auront lieu certainement après le 28 septembre.
Une multiplicité de dates peut certes diminuer les forces organisatrices, mais des dates autres que le 8 mars peuvent aussi constituer des rebonds et maintenir une mobilisation constante, au-delà de la date du 8 mars.