2 juillet 2024, París, France
Monsieur l'ambassadeur Ian Sielecki
Ambassade d'Argentine en France
6 rue Cimarosa, 75116, Paris
France
Monsieur l'ambassadeur
Depuis le Réseau International Argentina no se vende, nous dénonçons énergiquement les arrestations arbitraires effectuées par les différentes forces répressives qui ont agi le 12 juin lors de la mobilisation contre la Loi de Bases au Congrès de la Nation Argentine, ainsi que les poursuites judiciaires ultérieures et les accusations pénales qualifiant de "terroristes" les manifestant·e·s exerçant leur droit légitime à la protestation.
Le peuple argentin est descendu dans la rue pour exprimer son rejet d'une Loi, proposée par le gouvernement de Javier Milei, qui transforme structurellement les fondements de la société et vise à détruire les droits du travail, à entraver l'accès à la retraite pour des centaines de milliers de personnes - majoritairement des femmes - et à annuler la maigre réglementation existante envers les grandes entreprises et les capitaux internationaux qui cherchent à exploiter et piller les ressources naturelles de notre pays.
Lors de la journée de protestation du 12 juin, dans le cadre d'un plan de répression délibéré commandé par la Ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, 33 personnes ont été arrêtées de manière arbitraire aux abords du Congrès et emmenées dans différentes dépendances de la Ville de Buenos Aires. Les 7 femmes qui se trouvaient au Commissariat de Chacarita ont été particulièrement maltraitées, sans accès à l'eau ni à la nourriture.
Dans la nuit du samedi 15 juin, 17 des personnes arrêtées ont été libérées. Tandis que les communiqués officiels parlaient de "terroristes" et de "tentative de coup d'État", le procureur fédéral Carlos Stornelli et la juge María Servini de Cubría ont imputé les personnes arrêtées de charges pénales sans aucune preuve, conduisant celles qui sont restées détenues aux prisons de Ezeiza et Marcos Paz.
Les personnes détenues ont subi divers degrés de torture et de violence pendant leur détention, ce qui porte atteinte aux droits fondamentaux et nous confronte aux pires pratiques de persécution politique, qui n'ont rien à voir avec la Liberté.
Des artistes de rue, des étudiant·e·s et enseignant·e·s universitaires, des personnes sans abri, des militant·e·s sociaux et des vendeur·euse·s ambulant·e·s ont été arrêté·e·s, dans une tentative claire de discipliner le peuple argentin qui a historiquement su répondre dans les rues pour défendre ses droits et territoires.
Après la mobilisation sur la Plaza de Mayo le 18 juin - convoquée au SERPAJ la veille par un large éventail d'organisations -, 11 personnes supplémentaires ont été libérées, laissant Cristian Valiente, Patricia Calarco Arredondo, Facundo Ezequiel Gómez, Daniel Sica et Roberto Maria de la Cruz Gómez inculpé·e·s avec détention préventive et emprisonné·e·s dans des prisons ordinaires.
Nous faisons face à un gouvernement qui non seulement nie le génocide commis par la dernière dictature civico-militaire-entrepreneuriale (1976 - 1983) mais qui fait également l'apologie d'une pédagogie de la cruauté visant à discipliner la faim croissante que son modèle économique promeut. Le plan de ce gouvernement s'attaque tant aux droits de tou·te·s les travailleur·euse·s de la Nation qu'il approfondit la spoliation territoriale subie par les peuples autochtones, mobilisant solidairement aujourd'hui tous les secteurs en lutte du pays et toutes les personnes auto-convoquées qui veulent défendre leurs droits.
Les discours de haine promus par le gouvernement actuel propagent et légitiment des actions violentes, comme le lesbicide de Barracas, où trois femmes lesbiennes ont été assassinées par un voisin dans une pension de la Ville de Buenos Aires, ainsi que de nombreux attentats et menaces subis par les défenseur·euse·s des droits humains et la persécution des militant·e·s de différents groupes et partis politiques ces derniers mois.
Nous savons que la situation actuelle en Argentine n'est pas isolée du reste de l'Amérique latine. Ces dernières années, les grands capitaux, avec les organismes financiers internationaux - comme le FMI et la Banque mondiale - ont exercé des pressions sur les États latino-américains pour mener des réformes structurelles favorisant l'avancée du pillage extractiviste et ainsi continuer à augmenter les grandes richesses concentrées du monde.
Les organisations et personnes signataires ci-dessous se déclarent en état d'alerte international pour veiller au respect des droits humains et du droit du peuple argentin à manifester contre les mesures qui portent atteinte à la vie digne et aux droits internationaux consacrés.
À ce jour, 5 personnes restent encore détenues dans des prisons ordinaires pour avoir manifesté pacifiquement, accusées de terrorisme.. C'est le gouvernement qui fait de la répression une politique d'État et procède à des arrestations arbitraires pour intimider la participation politique.
Nous répudions et rejetons la répression et les arrestations violentes et arbitraires lors des manifestations du 12 juin. Manifester est un droit fondamental de la démocratie.
NOUS EXIGEONS:
La libération immédiate des personnes encore détenues illégalement.
Le non-lieu et la clôture totale des affaires ouvertes contre les 33 personnes arrêtées lors des manifestations du 12 juin 2024.
La défense de la démocratie et du droit à la protestation. Assez de persécution politique.
#ABAJO le DNU et la loi de bases
#Dehors le FMI et les lobbys extractivistes
#libertéetnonlieuauxpersonnesarrêtées
https://laboursolidarity.org/fr/n/3185/soutien-aux-prisonniers-politiques-argentins