Déserts médicaux : des territoires entiers abandonnés par l’État
En quelques années, de nombreux départements comme l’Allier sont devenus des déserts médicaux. Urgences fermés en été, lits supprimés, manque cruel de spécialistes et de médecins généralistes, la situation est devenue intenable et beaucoup pointent le désengagement de l’État.
La pénurie de médecins n’ai pas nouvelle. Elle est la conséquence des politiques publiques mises en place dans les années soixante-dix pour limiter le nombre (que le pouvoir jugeait) important d’étudiants inscrits en médecine. Car à cette époque, l’augmentation du nombre de candidats était ,nous affirmait-on, supérieure à celle de la population.
L’instauration du numérus clausus en 1971 était donc censée réguler le nombre de médecins. An début, cela ne concernait que les praticiens spécialisés, mais très vite le numérus clausus a été étendu aux médecins généralistes, avant que le Président Giscard d’Estain ne durcisse encore plus le dispositif en l’étendant à l’ensemble de la profession.
Une situation qui s’est aggravée
D’année en année la situation n’a donc cessé de se dégrader, pour devenir aujourd’hui très alarmante dans beaucoup de départements ruraux, mais aussi dans certaines banlieues des grandes métropoles.
Une tarification à l’acte catastrophique
Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement s’est attaqué ensuite à la gestion des hôpitaux en instaurant une tarification à l’acte (T2A). De nombreux lits ont été supprimés, les personnels réduits et les dépenses de matériel revu à la baisse. Si bien que des services sous dotés doivent maintenant fermer, soit temporairement (souvent pendant les vacances pour cause de sous-effectifs), soit définitivement pour répondre aux injonctions des mutualisations des moyens voulues par le gouvernement et relayées par les ARS (Agence Régionales de Santé), au risque d’allonger encore plus l’accès aux soins.
C’est l’empilement de toutes ces mesures qui a incontestablement conduit à ce que nous vivons aujourd’hui et que la covid a mis encore plus en évidence. Pour bien comprendre ce qui est à l’œuvre, il n’est pas inutile de consulter certaine sources.
Les sources...
Plusieurs articles sont récemment parus sur le sujet. D’abord un article dans Bastamag à propos de la fermeture des services d’urgences dans des villes moyennes, ce qui rallonge considérablement le temps de prise en charge des malades, ou des victimes d’accidents de la route et/ou domestiques. Il faut parfois plus d’une heure pour gagner les services d’urgences plus éloignés et souvent saturés, ce qui diminue significativement les chances des victimes de s’en sortir :
Dans les petits hôpitaux, les urgences ferment pendant l’été (Bastamag)
Le Média Dislose a publié 2 articles. L’un traite de la pénurie des médecins dans les campagnes :
En campagne, l’alarmante pénurie de médecins spécialistes (Dislose)
Le deuxième souligne l’ampleur des déserts médicaux :
La faillite de l’Etat face aux déserts médicaux (Dislose)
La mauvaise foi du Ministre de la Santé
Olivier Veran notre imperturbable ministre de la santé s’est offusqué du fait que l’on puisse parler de déserts médicaux, car affirme-t-il « les médecins ne sont pas des déserteurs ». Une pirouette sémantique pathétique, mais démentie par les enquêtes rigoureuses réalisées sur le terrain. D’ailleurs, comment les médecins auraient-ils pu déserter les campagnes dans lesquelles ils n’ont jamais mis les pieds ?
Après avoir nié leur existence, le même ministre a pourtant annoncé sur France Bleu « la fin des déserts médicaux d’ici environ 5 ans ». Ce qui semble très optimiste voire impossible pour les médecins spécialisés pour qui les études doivent se prolonger bien au-delà de 7 ans.
Olivier Véran promet la fin des déserts médicaux d’ici « à peu près cinq ans » (France Bleu)
Les démissions de soignants s’accélèrent
Depuis la situation dans les hôpitaux publics s’est considérablement dégradée. L’article paru dans le Huffpost en témoignage. Il fallait s’y attendre, comme le gouvernement n’a strictement rien entrepris pour soulager les soignants et améliorer leur conditions de travail, c’est à une véritable hémorragie à laquelle nous assistons. De nombreux soignants au bord de la rupture, quittent le navire pour éviter leur burn-out qu’ils sentent venir. Résultat 20% des urgences sont obligées de fermer soit temporairement, soit par intermittence. Une véritable catastrophe pour les malades dont la santé devrait lourdement en pâtir. Lire l’article :
Fermeture des services d’urgences : ’la situation est catastrophique’ (Huffpost 3 novembre 2021)
Pour Solidaires Allier, il est urgent de s’attaquer à la racine du mal
- Arrêt immédiat de la tarification à l’acte (T2A) et mise en place d’un plan de financement ambitieux pour remettre l’hôpital public au niveau d’excellence afin de satisfaire les besoins de la population.
- Revaloriser les salaires de manière conséquente pour redonner de l’attractivité aux métiers des soignants.
- Améliorer les conditions de travail et écoutant les revendications qui s’expriment dans la profession
- Lancer une grande campagne de formation sur les métiers en tension et mettre fin au numérus clausus.
Même si nous sommes conscient que tout ne se réglera pas par un simple coup de baguette magique, nous pensons que les syndicats et les agents hospitaliers peuvent proposer des pistes de travail afin de refonder notre santé mis à mal par les politiques successives menées par la droite et la ’gauche’ lorsque ceux-ci étaient au pouvoir.
En attendant, nous sommes convaincus à Solidaires Allier que seule une large mobilisation pourra faire bouger les lignes
Article publié le 8 novembre 2021