La proposition de loi sur la sécurité globale a été adoptée mardi et devrait être examinée par le Sénat en janvier. Notons le vote POUR de Marine Le Pen et des quelques députés de son parti.
La majorité souhaite donc pénaliser d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » de membres des forces de l’ordre en intervention, quand elle porte « atteinte » à leur « intégrité physique ou psychique ».
En modifiant la loi de 1881 sur la liberté de la presse, la disposition du projet de loi de « sécurité globale » visant à limiter la diffusion d’images des forces de l’ordre crée un nouveau délit qui a pour objectif réel de restreindre le droit des journalistes et la liberté de la presse de manière disproportionnée par rapport à la réalité de la menace.
Au delà de l’article 24, c’est toute une société de la surveillance quotidienne que cette loi, complétée par le schéma national du maintien de l’ordre sorti en septembre veut imposer, renforcée par les drones, les caméras et les logiciels de reconnaissance faciale qui continuent de se développer.
Lundi soir, les migrant-es qui avaient installé leurs tentes Place de la République à Paris ont été évacué-es dans la violence par les agents aux ordres du Préfet de Police et du ministre de l’Intérieur. Tentes arrachées alors même que des personnes se trouvaient à l’intérieur, migrant-es malmené-es, coursé-es dans les rues de Paris. Des soutiens et des journalistes ont été frappés à terre, menacés, insultés par ces mêmes agents aux ordres.
Et face à cette violence, on risquerait un an de prison et 45 000 euros ?! ?
Et la violence inouïe contre le mouvement des les gilets jaunes ? Du jamais vu depuis la fin de la 2nd guerre mondiale en Europe de l’ouest.
Par cette loi Darmanin et le gouvernement voudraient cacher les violences. qui ont lieu au su et vu de tous et toutes en totale impunité depuis plusieurs années dans les quartiers populaires à l’encontre des manifestant-es et des gilets jaunes, et désormais et de tous ceux et celles qui contestent.
Rappelons que ce gouvernement prétend aussi légiférer sur le « séparatisme ». Un gouvernement, qui, au travers de son ministre de l’éducation, parle d’islamogauchisme à propos du journal le monde, et du monde universitaire. Un ministre qui parle d’ultragauche quand Libération et Médiapart révèle un scandale sur l’instrumentalisation de lycée par le ministère de l’éducation.
Si le gouvernement développe son arsenal répressif et sécuritaire, ce n’est pas par hasard. C’est le meilleur moyen pour lui d’essayer de contenir la contestation et les luttes sociales, féministes, antiracistes ou écologistes. Face aux licenciements, à la croissance massive du chômage et des inégalités, à l’explosion de la pauvreté, aux contestations des dominations, le gouvernement se donne les outils pour surveiller et réprimer un maximum, pour casser les contre-pouvoirs. La répression c’est le filet sécuritaire d’un gouvernement libéral qui veut pouvoir contenir toutes contestation à ses réformes de casse sociale.
Depuis 30 ans de régressions sociales, nous avons aussi, 30 ans de politiques sécuritaire avec pas moins de 25 lois …
Face à ses attaques contre la démocratie, contre l’état de droit, nous aurons dans les jours et les semaines à venir, à nous mobiliser pour les libertés publiques, et en même temps (ce sera notre « en même temps » à nous) pour les droits sociaux, car ils sont toujours dans le viseur. Et notre mobilisation ne pourra gagner que si elle se fait dans l’unité la plus large.
Article publié le 28 novembre 2020