Un geste de solidarité : acheter du café rebelle et zapatiste !
Au Chiapas, la culture du café existait déjà avant l'insurrection zapatiste. Mais depuis, elle est devenue un acte qui renforce l'autonomie des communautés indigènes : elle apporte un revenu aux coopératives, et permet la réalisation de projets dans le domaine de la santé et de l'éducation, par exemple. En France, des commandes groupées sont organisées chaque année par l'association Échanges solidaires.
Deux coopératives appartenant à des communautés indigènes zapatistes produisent du café au Chiapas : Yachil Xojobal Chulchán, dans la région montagneuse, et Ssit Lequil Lum, plus au nord.
La première se compose de réfugié·es ayant fui les violences militaires dans les années 1990. Elle comprend 1.000 membres et a obtenu la certification biologique.
La seconde ne produit pas uniquement du café. Elle compte 300 membres. Pour affirmer pleinement son autonomie, elle a refusé d'être certifiée par les institutions officielles. En revanche, elle a mis en place une certification interne indépendante. Sa culture du café est garantie sans intrants chimiques.
Le café est récolté à partir de janvier durant plusieurs mois. Les fruits sont ensuite éclatés, les grains sont triés selon leur grosseur, séchés et mis en sac. Ils voyagent par bateau jusqu'en Europe et en Amérique du Nord, où ils sont torréfiés, moulus et mis en petits paquets pour la distribution.
Une commande annuelle
En France, c'est l'association Échanges solidaires, créée en 2002, qui assure le lien entre les coopératives zapatistes et ceux·les qui veulent les soutenir en achetant du café.
« Ce projet est une manière concrète d’accompagner le mouvement zapatiste dans sa marche vers une autonomie culturelle, politique et économique, en empruntant des chemins alternatifs, écrivent les responsables de l'association dans sa présentation. (1) Il s’agit aussi de tisser d’autres relations avec des luttes d’ici et de là-bas et d’essayer de construire des alternatives à la mondialisation néolibérale pour laquelle il n'y a pas d'autre horizon que l’accumulation et l’échange d'argent. Par les échanges solidaires, nous échangeons nos rêves d'un autre monde. Une manière de joindre nos voix à ce cri de « ¡ ya basta ! » (ça suffit !) venant des montagnes du sud-est mexicain. »
Le principe est simple : une fois par an, est organisée une pré-commande, via une campagne de souscription (généralement à l'automne). « Nous leur versons un acompte de 50 % à 70 % pour éviter que les agriculteurs s'endettent auprès des banques en attendant la vente de la récolte, et le reste à la réception du café en avril / mai. »
A l'occasion de la livraison, une journée de réception-dégustation est organisée à Paris, avant que les commandes hors région parisienne partent un peu partout en France. D'autres associations et collectifs prennent alors le relais. C'est le cas de Ki-6-Col qui gère le café militant associatif L'Antidote à Bourges, par exemple (2).
Échapper aux coyotes et aux bourses
Pour les zapatistes, l'intérêt de vendre ainsi leur café en direct est double : cela leur permet d'échapper aux « coyotes », nom qu'il·les donnent aux intermédiaires qui tentent de leur acheter leur production à bas prix avant de l'écouler sur le marché au prix fort ; cela leur permet aussi de ne pas être dépendant·es du cours du café fixé dans les bourses mondiales.
Les européen·nes et les américain·es engagé·es dans cette démarche acceptent de payer le café zapatiste à un prix supérieur à celui des coyotes. Il·les savent que l'intégralité des bénéfices est reversée aux communautés et, plus précisément, aux conseils de bon gouvernement (lire la rubrique (Ré)acteurs). Composés de membres élu·es, ces conseils veillent à ce que la solidarité internationale soit répartie en fonction des besoins les plus urgents.
« Nous concevons l’achat de ce café « rebelle et zapatiste » comme un geste militant, comme un petit acte de rébellion, un geste de solidarité avec les zapatistes qui s’opposent à la vision néolibérale du monde en essayant de construire des modèles alternatifs », écrivent les membres d'Échanges solidaires. Souvent, la distribution du café est aussi l'occasion de prendre des nouvelles de la lutte là-bas, toujours inspirante ici.
La souscription 2022 est en cours jusqu'à fin avril 2022
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