Le succès électoral de l’extrême droite (RN, Reconquête et consorts) repose en grande partie sur un discours « social » sensé séduire les électeur-trices. Il oppose notamment « le salarié-e qui se lèverait tôt au chômeur-se qui serait éternellement en vacances et vivrait aux crochets de la collectivité ». La réalité du chômage et de la précarité est à l’opposé de cette perception « brève de comptoir ». Avant d’être un chômeur-se ou un-e précaire, les femmes et les hommes qui subissent cette situation sont avant tout des travailleur-ses qui soit ont perdu leur emploi soit doivent accepter une précarité et des conditions de travail indignes pour survivre… Et qui se démènent activement pour tenter d’en (re)trouver un ou de meilleures conditions. Un vrai travail ! Les allocations chômage permettent à peine de survivre dans ce laps de temps. Et encore seulement quand on fait partie des 2 chômeur-ses sur 5 qui sont indemnisé-s. Rappelons qu’en moyenne le montant moyen de l’allocation chômage reste inférieur au seuil de pauvreté. Très loin de pouvoir lambiner aux Bahamas !
Problème de chômeur-se ou d’emploi ?
Le patronat et ses relais médiatiques ou institutionnels citent souvent le chiffre de 350 à 400 000 emplois non pourvus. Or, dans l’immense majorité des cas, ces emplois sont dans la catégorie des métiers dits « en tension » à savoir très mal payés pour des conditions de travail très dégradées — temps très partiels, horaires atypiques, hors d’atteinte sans moyens de transport individuel… La réalité c’est que le patronat organise sciemment le sous-effectif pour toujours plus pressurer et insécuriser les salarié-es en poste. Pourtant au regard des sous-effectifs, les besoins en emplois sont gigantesques pour les services publics mais à condition de payer, former, organiser correctement et répondre ainsi aux besoins essentiels. Enfin simple règle arithmétique, 400 000 emplois non occupés pour près de 6 millions de chômeur-ses et précaires, cela fait 1 emploi pour 15 personnes ! Même tous occupés, cela signifie que 14 chômeur-ses sur 15 n’auront rien !
Le RN dans les faits : défenseur ou fossoyeur des chômeur-ses ?
Le RN surfe donc sur cette vague « populiste » du chômeur ou de la chômeuse qui ne voudrait pas travailler et sur qui il faut continuer à intensifier les contrôles. Il se dit même défenseur des chômeur-ses arguant que son groupe parlementaire s’est prononcé contre le RSA subordonné à 15 h d’activités hebdomadaires en novembre 2023. Mais quelques semaines plus tard, Jordan Bardella déclarait à la presse être « parfaitement d’accord » avec le conditionnement du RSA à 15 heures « d’activité ». Notamment les activités économiques validant ainsi que les plus pauvres des allocataires du RSA (602 € par mois pour une personne seule sans enfant) puissent travailler gratuitement au bénéfice du patronat.
Il se dit par ailleurs opposé à la réforme de l’assurance chômage d’Attal mais curieusement, il n’a pas été opposé aux réformes précédentes comme celle de 2019 qui a pourtant fait baisser de 20 % en moyenne le montant des allocations chômage des intermittent-es de l’emploi. En 2022, il a soutenu et voté la proposition idéologique de la droite « républicaine » qui a aboutit à ce que l’abandon de poste soit considéré comme une démission empêchant de bénéficier des allocations chômage de même que le refus d’un licenciement pour refus d’un CDI en suite d’un CDD.
Le racisme et le sexisme, invariants structurants de l’extrême droite contre le chômage
Le projet de l’extrême droite se résume en fait à son seul mantra de la « priorité nationale » qui est une remise au goût du jour du slogan xénophone du FN des années 70 : « 1 million de chômeurs c’est 1 million d’immigrés ». Avec leurs alliés du patronat le plus cynique, le RN sait que la plupart des emplois « déclassés » – bien que socialement utiles – sont occupés par des personnes immigrées et racisées dans de nombreux secteurs tels que la restauration, le bâtiment, les transports, l’aide à domicile, l’entretien ou l’agriculture pour ne citer que les plus exploiteurs de main-d’œuvre corvéable.
Pour le RN enfin, l’emploi est (surtout) masculin. Le droit des femmes façon RN c’est les inciter « à rester chez elles » par la promotion d’une politique « nataliste » qui les assigne à un rôle domestique et de procréation comme a pu le déclarer un de ses porte-paroles, Sébasatien Chenu qui « préfère qu’on fabrique des travailleurs français plutôt qu’on les importe ». Autant d’emplois « libérés ».
Le RN, le parti du capitalisme brutal
Autant dire qu’avec l’extrême droite au pouvoir il n’y aura aucune amélioration sur le front du chômage, bien au contraire, le fond idéologique de l’extrême droite étant que la classe ouvrière serve de chair à canon au capitalisme le plus brutal. D’ailleurs son programme repose sur une politique patronale classique opposée à toute considération sociale sur fond d’exonérations de cotisations sociales et de baisses d’impôts. Enfin le RN n’a jamais soutenu les mobilisations des chômeur-ses, il n’a rien à dire sur les allocations, la durée d’indemnisation, les transports gratuits, l’accès aux formations, le calcul du chômage pour les retraites. Il ne s’oppose ni aux bas salaires, ni aux emplois précaires.
A l’opposé, l’Union syndicale Solidaires revendique un statut du salarié qui permette aux personnes privées d’emploi de disposer de leur salaire et des droits sociaux tant qu’elles n’auront pas retrouvé un emploi au moins équivalent en termes de salaires et de conditions de travail. Contre le programme du RN, contre le décret chômage que s’apprête à publier le gouvernement Attal, mobilisons nous toutes et tous pour une véritable sécurité sociale du chômage protectrice de nos conditions de vie et de nos droits ! Pour l’indemnisation de tous et toutes les chômeurs/ses, au niveau du SMIC minimum ! Des créations massives d’emplois socialement utiles en CDI ou titulaires dans la fonction publique !