Certains médias bien-pensants, fidèles relais de la parole gouvernementale, jubilent et salivent : moins de monde dans la rue ce jeudi 16 février 2023. Ah oui ? ! Vous pouvez nous indiquer vos sources ? La préfecture de police, les services de renseignement… On s’incline, leurs données sont très fiables et nullement sujettes à caution. Objectivement, on peut imaginer qu’il y avait moins de monde dans la rue jeudi dernier, mais certainement pas du fait d’une baisse de la motivation. Il s’agirait plutôt d’un phénomène que l’on appelle « vacances », repos pour le corps et l’esprit, et que le gouverneMENT n’a pas encore réussi à nous voler totalement. Totalement car, dans la réalité, avec la hausse du coût de la vie, de nombreux concitoyen·ne·s doivent rogner, voire renoncer à cet héritage social.
À SUD Rural Territoires, nous avons la chance, pour certain·e·s, d’avoir encore nos mamans. Figurez-vous que l’une d’entre elles, qui s’appelle Martine, nous disait très récemment que Macron, Borne et consorts étaient « les vraies racailles« . Véridique ! Elle s’emportait suite à des débats retransmis à la télé, et dénonçait le mépris affiché par notre classe dirigeante à l’égard d’une majeure partie de la population, la moins riche bien entendu. L’histoire de Martine est intéressante et emblématique : à 14 ans, elle travaillait à la chaîne, à 62 ans, elle quittait la grande distribution en tant que salariée lambda à temps partiel. Une carrière de 48 années, entrecoupée de pauses, en particulier pour élever et éduquer ses enfants. Aujourd’hui, un AVC et deux cancers plus tard, elle « profite » pleinement d’une retraite pharaonique de 700 €, ce qui ne lui laisse guère de loisirs, une fois les charges payées.
Pour toutes ces raisons, Macron, Borne, nous n’avons pas envie de nous laisser voler deux ans de nos vies pour remplir les poches de vos ami·e·s actionnaires. On vous l’a déjà dit, votre mépris à notre égard, vos mensonges éhontés, votre méconnaissance de nos réalités, le recours à la violence par vos chiens de garde sont autant de facteurs aggravants, qui nous poussent à ne pas reculer et à poursuivre cette mobilisation, celle des sans voix, celle des invisibles.
On va vous faire une vraie proposition : « Traversez la rue et venez travailler avec nous. » Enfilez une cotte pour aller faire des contrôles vétérinaires dans un abattoir au petit matin. Partez de chez vous, la boule au ventre, pour aller enseigner, sans moyen ou si peu, dans une classe agitée, et surchargée. Arrivez dans votre service le matin pour entendre votre chef annoncer qu’il va falloir faire une partie du travail d’un collègue en maladie… On pourrait multiplier ces exemples, ils sont le quotidien de millions de personnes. C’est ça la réalité ! Loin des palais, des ministères, tous les jours, des femmes et des hommes travaillent, peinent et produisent des richesses dont elles et ils ne profitent pas.
Depuis plusieurs semaines, nous sommes des millions dans la rue et ça, c’est bien grâce à vous. Eh oui, la France qui se lève tôt est là : fonctionnaires des trois fonctions publiques, salarié·e·s du privé, artisan·e·s, agricultrices et agriculteurs, lycéen·ne·s et étudiant·e·s, retraité·e·s… On bat le pavé, on scande des slogans, on chante, on échange et on vous envoie un signal clair : votre réforme, vous pouvez vous l’appliquer à vous-mêmes et on en fera le bilan lorsque vous l’aurez bien testée. Mais nous, nous n’en voulons pas !
Allez, on vous dit à très bientôt, on a du pain sur la planche et notamment une grève reconductible à préparer avec nos camarades. La rue nous attend, on y retourne.