« Annie Genevard, sinistre de l’agriculture »
Le nom est tombé, Annie Genevard succède à Marc Fesneau au ministère.
Soyons « fair-play » et saluons ce tour de passe-passe magistral : issue du groupe Les Républicains, représenté par quelques 47 député·e·s à l’Assemblée (et donc loin d’être majoritaire), Annie a réussi à se placer et à décrocher le maroquin de sinistre de l’agriculture.
Tout d’abord, allons jeter un coup d’œil du côté des syndicats de la profession. FNSEA, JA et Coordination rurale se félicitent de son arrivée rue de Varenne. À l’inverse, la Confédération paysanne, dans un communiqué en date du 23 septembre 2024, s’inquiète : « La nomination d’Annie Genevard dans un tel gouvernement n’augure donc rien de bon pour l’avenir de l’agriculture paysanne ».
Doit-on, comme nos camarades de la Conf’, s’inquiéter ? Si l’on se réfère à certaines prises de position d’Annie Genevard, quelques espèces vivantes sur cette planète ont du souci à se faire. Tout d’abord, son « pas d’interdiction sans solution » au sujet des pesticides n’augure rien de bon, ni pour les uns, utilisateurs qui vont pouvoir continuer à s’empoisonner, ni pour les autres, individus lambdas, qui vont pouvoir continuer à ingérer des produits chimiques, déclarer des cancers et mourir le cas échéant (pour le plus grand bénéfice des fabricants).
Par ailleurs, sa nomination semble rimer avec simplification : « redonner du bon sens à toutes les règles, alléger la paperasse, réduire les interdits ». Faut-il s’en réjouir ? Pas certain, surtout quand il s’agit des quelques règles et interdits qui protègent encore un peu le vivant de pratiques pas vertueuses du tout.
Les militant·e·s qui luttent pour le bien-être animal et le respect du vivant sous toutes ses formes ne seront pas à la fête non plus. Nombre de ses prises de position et déclarations l’attestent. Pour elle, par exemple, les militant·e·s écologistes, opposé·e·s aux mégabassines, ne sont que des « black blocs qui viennent pour blesser, pour tuer »… On croit rêver…
Enfin, le ciel se couvre également pour, la communauté LGBTQIA+, mais aussi pour celles et ceux qui souhaitent recourir à la PMA et à l’IVG, contre lesquelles elle s’est opposée. Ça n’est pas la panacée non plus pour les migrant·e·s, qui fuient les guerres, la pauvreté, les catastrophes climatiques, et qu’elle souhaite expulser au plus vite.
En résumé, pour le loup du Mercantour, le migrant de Calais, le militant de L 214, la féministe engagée, l’agent du ministère de l’agriculture ou de l’environnement conscient ou bien encore le paysan aux pratiques respectueuses, cette nomination n’est pas synonyme d’espoir.
Elle vient confirmer, bien au contraire, que le virage amorcé par le président et son nouveau gouvernement s’oriente résolument à droite.
Décomplexée, réactionnaire, conservatrice, cette ligne politique ne peut que nous inquiéter, à l’heure de la catastrophe climatique.
Dès lors, il est plus que jamais nécessaire et urgent de nous mobiliser pour faire barrage et imposer un autre modèle de société, démocratique et solidaire.