La classe ouvrière n’a pas de frontière, affirme-t-on dans nos résolutions de congrès. Mais plus que les textes, ce sont les faits qui comptent et qui font changer les choses. Par l’action collective, par la lutte syndicale, on gagne : En Europe, en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie, En Océanie, en Amérique du Nord. Aperçu mondial…
Brésil : licenciements annulés dans l’industrie automobile
Fin 2023, plus de 10 000 travailleurs et travailleuses des trois usines General Motors de São José dos Campos, São Caetano do Sul et Mogi das Cruzes ont fait grève. Le mouvement était sous la responsabilité des assemblées générales quotidiennes et coordonné par la Central Sindical e Popular Conlutas. Les grévistes exigeaient l’annulation d’un millier de licenciements, qui venaient d’être signifiés par le patronat. Après 17 jours de grève, ils et elles ont gagné : un millier de travailleurs et travailleuses ont gardé leur emploi grâce à la lutte, grâce à la solidarité.
Etat espagnol : victoire contre la précarité, dans le service public télévisuel
Soutenue par la section syndicale de la Confederación General del Trabajo, une salariée à qui avait été imposé des contrats à durée déterminée de 2018 à 2023 a désormais le « statut de titulaire à Radio Televisión Madrid ». Ceci, suite à une décision du Tribunal du travail de Madrid, en date du 23 février 2024. La CGT a obtenu que le Tribunal affirme que « la Cour de justice de l’Union européenne a déclaré que les mesures adoptées par le Royaume d’Espagne pour réprimer les abus de contrats temporaires dans les administrations publiques [ne sont pas] suffisamment efficaces » et prenne donc des mesures plus fortes. L’articulation entre mobilisations des salarié∙es et recours juridique a permis cette importante victoire.
Etats-Unis : la grève fait plier Ford, Stellantis et General Motors et permet des acquis ailleurs aussi
Des hausses de salaires de 25 % en quatre ans et demi ; une grille salariale réunifiée ; de meilleures retraites ; la titularisation des contrats à durée déterminée ; et même une réouverture d'usine. Après six semaines de grève, les ouvriers de l'automobile, avec leur syndicat United Auto Workers (UAW), ont décroché des revalorisations comme on n'en avait plus vu depuis des décennies à Detroit. Anecdote significative : à peine signé l’accord couvrant les dizaines de milliers d’ouvriers des trois entreprises qui avaient fait grève, les patrons de Toyota annonçaient des augmentations salariales non prévues !
Ukraine : dans la région de Chernihiv, le personnel de santé licencié est réintégré
Alors que la direction avait décidé plusieurs licenciements, le syndicat local indépendant des travailleurs et travailleuses de la santé, soutenu par le mouvement Sois comme Nina, a exigé de contrôler les comptes de l’hôpital. Le montant faramineux du salaire du directeur et des principaux responsables ont été mis en évidence. Le directeur s’est enfuit. Le processus de réintégration du personnel est enclenché.
Bangladesh : la grève pour obtenir le paiement du salaire
Environ 4 500 travailleurs et travailleuses de l’usine de vêtements Mahmud Jeans, dans le sous-district de Kaliakoir à Gazipur, ont cessé le travail le 17 février, pour réclamer des salaires impayés. Après 5 heures de grève, la direction s’est engagée à régulariser la situation.
Angleterre : les patrons cèdent par crainte d’une grève massive
Le syndicat Rail Maritime Transport (RMT), fortement implanté au métro de Londres, avait organisé une grève pour fin février. Les patrons savent ce qu’est un rapport de force : la menace d’une grève massive a permis d’obtenir une augmentation salariale de 5%, portée à 10% pour les plus salaires. Le syndicat a aussi obtenu une amélioration des facilités de circulation du personnel sur les services ferroviaires nationaux.
Egypte : la grève malgré le régime répressif
Les travailleurs et travailleuses de l'entreprise Ghazal Al-Mahalla ont fait grève, du 22 au 29 février, pour exiger des augmentations de salaire. En Egypte, le syndicat officiel est au service de l’Etat. Malgré cela, malgré la répression généralisée dans le pays, malgré l’arrestation de grévistes, l’action collective existe et se développe. C’est la voie de la démocratie et de l’émancipation.
Pologne : la création d’un syndicat à Fiege Zalando, près d’Olsztynek, améliore les conditions de travail
Pendant des années, on a dit aux employé∙es, majoritairement des femmes, de cette usine qu’il était impossible de former un syndicat. Et pourtant, avec Ogólnopolski Związek Zawodowy Inicjatywa Pracownicza (OZZ IP) ça a marché, et comment ! Le syndicat s’est structuré, des formations ont été organisées, un soutien interprofessionnel a été mis en place, une information régulière a été faite au personnel, et … une première grève a eu lieu. Les conditions de travail s’améliorent, les salaires les plus bas sont revalorisées, des contrôles sur le personnel sont supprimés, les droits syndicaux sont renforcés.
Polynésie : six semaine de grève dans les usines d’hydrocarbure
Durant presqu’un mois demi, le patronat de Pacific Shell, Petropol, STDO, STDP, SOMSTAT et Total a refusé de négocier. Finalement, après six semaines de grève, il a dû signer un accord entérinant des augmentations salariales.
Grèce : la solidarité internationale permet la création de syndicats et deux grèves débouchent sur des augmentations salariales
Depuis plusieurs mois, des salarié∙es des centres d’appels Teleperformance et Webhelp situés en Grèce se mobilisaient pour créer un syndicat dans leur entreprise. Soutenu∙es par l’UGTT (Tunisie) et SUD-Solidaires, c’est aujourd’hui chose faite même si les patrons de Teleperformance tentent encore des recours juridiques. Deux grosses journées de grève ont déjà eu lieu mobilisant plusieurs milliers de salarié∙es, pour les salaires et les conditions de travail. A cela s’ajoute, la question des papiers : ces entreprises font venir du monde entier des salarié∙es, pour prendre des appels dans différentes langues pour des entreprises comme Amazon ou Mercedes. Webhelp-Concentrix vient d’accepter d’ouvrir les négociations et Teleperformance, lui, vient d’augmenter les salarié∙es les plus ancien∙nes. Prolongeant ce travail syndical, un meeting international rassemblant des syndicalistes de centres d’appel du Cameroun, des Etats-Unis, d’Espagne, du Maroc et de Tunisie a eu lieu fin février.
Suisse : une action au résultat immédiat à Berne pour des travailleurs hongrois surexploités
Depuis des semaines, des travailleurs de la construction embauchés en Hongrie devaient manger, dormir et survivre sur place, entre la saleté et les outils. Ils se sont fait arnaquer de milliers de francs de salaire. Avec les travailleurs, le syndicat UNIA a organisé une action devant le chantier, et le travail a été interrompu. Aussitôt, la société donneuse d’ordre, Roga Generalunternehmung GmbH, a réglé à la place de la boite de sous-traitance, les sommes dues aux ouvriers.
Italie : grève sur une base de l’OTAN
Les travailleurs et travailleuses des entreprises de sous-traitance SG Prosperity et Gricignano 3 se sont mis en grève, le 21 février. Ils et elles travaillent sur la base de l’OTAN située à Gricignano. L’OTAN a besoin de personnel de service mais se moque qu’ils et elles n’aient pas perçu de salaire depuis le début de l’année. Soutenu∙es par le syndicat local de la Confederazione Unitaria di Base (CUB), les salarié∙es ont obtenu leur dû.
Un outil international au service des collectifs syndicaux de base : le Réseau syndical international de solidarité et de lutte (www.laboursolidarity.org)