À chaque processus électoral, la direction de La Poste sort les mêmes violons : l’entreprise publique serait en difficulté financière, la « baisse » du courrier inquiète, donc il faut accueillir sans ciller toutes les charges de travail supplémentaires. Pourtant, comment oublier l’accroissement des colis, les imprimés publicitaires ou les « nouveaux services » à rendre à la population — faire payer ce qui relevait avant du lien social gratuit. En l’occurrence, distribuer les 47 millions de plis électoraux, pesant 350 g l’unité, en quelques jours, sans heures supplémentaires ni compensation financière, est tout sauf une paille.
Pour les collègues, c’est la goutte qui fait déborder le casier de tri. Les réorganisations et plans de flexibilité deviennent plus permanents que la révolution. Les organisations sont à flux tendus, la précarité peuple les centres postaux, les factrices et facteurs sont « smicardisé.es » et la fatigue s’ajoute à la déconsidération. SUD profite de la semaine impérative pour la distribution des plis électoraux pour déposer des préavis de grève sur tout le territoire, afin que les collègues s’en emparent. L’occasion de revendiquer des compensations à la hauteur de la charge supplémentaire (certaines tournées devront distribuer à pied ou en vélo jusqu’à une tonne de propagande) – sans compter les prospectus politiques ajoutés à côté de la propagande officielle, eux aussi à distribuer (se trimballer une tronche de peste brune plusieurs jours à suivre peut donner la nausée…) – mais aussi et surtout des emplois supplémentaires !
Des agents de La Poste se sont saisis de ces préavis pour débrayer ou se mettre en grève, refusant de distribuer dans ces conditions. Quand on sait que La Poste a reçu 95 millions d’euros du ministère de l’intérieur pour traiter ces 16 000 tonnes et 47 millions de produits supplémentaires, SUD PTT non seulement les soutient, mais accuse l’Etat macronisé et La Poste d’être les pires des patrons. De quoi s’en souvenir au moment de voter…