Prochaine mobilisation de l’ UCIJ : 26 août / femmage à Madjiguène CISSÉ

Le 26 août 2023 à l’occasion de la commémoration de l'expulsion des sans-papiers de l'église Saint-Bernard à Paris en 1996 aura lieu la prochaine mobilisation de l'UCIJ

https://blogs.mediapart.fr/uni-es-contre-limmigration-jetable/blog
Cette année la commémoration de l’expulsion des sans-papiers de l’église Saint-Bernard sera particulière. Nous ne pourrons nous empêcher de penser et de rendre un femmage à Madjiguène CISSÉ qui est décédée le 15 mai dernier.

Si l’expression « sans-papiers » se trouve dans Le Petit Robert, si les immigré·es ne sont plus invisibles, si l’église parisienne de Saint-Bernard de La Chapelle (18e arrondissement) est, en 1996, entrée dans l’histoire des luttes pour les droits des étranger·e·s en France, c’est en large partie grâce à Madjiguène Cissé.

Dans une interview, pour Vacarme en 2007, elle revient sur ce terme : « L’objectif était d’inventer un mot pour changer le regard de la société. Clandestins, cela plaçait les étrangers dans l’illégalité, la délinquance. Sans papiers, cela expliquait leur situation par un déni de droit de la part de l’administration. C’était aussi les inscrire dans un mouvement plus large, qui était celui des « sans ». Mais c’est vrai que le terme n’est pas parfait. Ce « sans » les assigne à une position de victime, ce qui est à la fois juste et problématique. Sans doute faudrait-il inventer un nouveau terme. Peut-être faudrait-il regarder ce que font les autres pays. (..) En Allemagne certains utilisent Gastarbeiter : le travailleur invité. C’est une idée qui me plaît. » (https://vacarme.org/article1230.html - « Émigration choisie » entretien avec Madjiguène Cissé)

Issue d’une famille populaire sénégalaise, militante d’extrême gauche devenue professeure d’allemand, cette féministe battante au rire éclatant, mère de trois enfants, fut une actrice majeure d’un moment-clé qui, treize ans après la Marche pour l’égalité de 1983 animée par les jeunes issu·e·s de l’immigration maghrébine, a inscrit les familles d’origine africaine dans le paysage politique français.

Ni l’occupation de Saint-Bernard par quelque 300 Africain·e·s en situation irrégulière, ni l’émotion consécutive à l’irruption dans cette église du quartier de la Goutte-d’Or des forces de l’ordre, à coups de hache merlin, le 23 août 1996, n’auraient sans doute existé sans les convictions de Madjiguène Cissé sur le droit de circulation des ancien·ne·s colonisé·e·s, sans sa volonté farouche d’assurer l’organisation autonome des immigré·e·s à l’égard de leurs soutiens, sans son charisme et son éloquence face aux médias. https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i04082370/madjiguene-cisse-a-la-permanence-des-sans-papiers