Note n°5 (8 août 2022) - Guerre en Ukraine - Réflexions et propositions d’actions syndicales internationalistes

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Par rapport à la situation en Ukraine, nous menons notre activité syndicale internationale solidaire, anti impérialiste, contre la guerre, dans différents cadres : le Réseau syndical international de solidarité et de luttes, l’intersyndicale française, le Réseau européen Solidarity Ukraine et sa coordination française et le soutien aux personnes réfugiées.

Les convois syndicaux vers l’Ukraine

Nous nous inscrivons dans la suite de nombreuses actions de ce type menées dans le passé par des organisations de notre courant syndical ; en Pologne, en Roumanie, en Bosnie, en Tchétchénie, en Grèce… Nous privilégions l’action directe, avec les syndicalistes et les populations locales. Dès fin avril 2022, des camarades de l’Union syndicale Solidaires étaient présent∙es dans la délégation du Réseau syndical international de solidarité et de luttes qui apportait un soutien financier, matériel et permettait de rencontrer des acteurs et actrices des mouvements sociaux à Lviv. Cette initiative a permis de solidifier les liens avec des camarades sur place, d’en créer de nouveaux, de connaître directement les besoins de syndicats de base ukrainiens, tant professionnels (mineurs, cheminots,…) qu’interprofessionnels (régions de Lviv, de Kryvyï Rih). Les informations sur ce convoi d’avril/mai sont sur le site du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, qui tous les jours ou presque depuis fin février publie des nouvelles de syndicalistes d’Ukraine, de Biélorussie, de Russie.

Parallèlement, sur l’initiative de Solidaires, une intersyndicale s’est mise en place en France, rassemblant CFDT, CGT, FO, CFTC, CGC, UNSA, Solidaires et FSU, pour préparer un convoi syndical ferroviaire vers les syndicats ukrainiens. Dès sa mise en place en avril, Solidaires y a joué un rôle actif : via la fédération des syndicats SUD-Rail, négociations avec la direction SNCF pour disposer de wagons dans un train de fret et d’un entrepôt pour stocker le matériel, discussions avec la Sécurité civile qui est en charge de ces trains de matériel pour la population ukrainienne ; via SUD SDIS, mise à disposition deux jours par semaine d’un camarade gérant la logistique ; contacts avec l’ambassade d’Ukraine ; participation à la collecte, financière et matérielle, de l’intersyndicale. Par ailleurs, fin juin, un convoi routier a livré deux camionnettes, remplies de matériel et d’aliments.

Lancé depuis avril, le projet de convoi ferroviaire a d’ores et déjà permis de stocker 51 palettes de matériel, correspondant (en partie, car les besoins sont grands) aux demandes transmises par les confédérations KPVU et FPU et les syndicats locaux avec lesquels Solidaires est en contact : produits de premiers soins, d’hygiène, alimentaires, moyens de communication, de protection, générateurs électriques, machines à laver, etc. Initialement envisagé pour mai, puis pour juin, le départ a été différé. La direction SNCF et la Sécurité civile ont prévenu du départ d’un train – sans assurance qu’il y en ait d’autres ultérieurement – dans la première quinzaine d’août.

CFDT, CGT, FO, CFTC, CGC et UNSA ont décidé de décliner, au motif que le mois d’août n’était pas propice. Nous avons mis en avant le fait que nous attendions ce départ depuis des semaines et que nos camarades syndicalistes d’Ukraine rappelaient lors de chaque échange l’urgence de ce soutien ; nous n’avons pas été suivis, le matériel stocké ne partira pas maintenant, les autres organisations souhaitant attendre septembre pour en rediscuter. C’est Solidaires (SUD-Rail) qui s’est chargée de prévenir SNCF et la Sécurité civile.

Nos camarades sur place, au cœur de la guerre menée par la Russie et confronté∙es aux mesures antisociales du gouvernement ukrainien, nous ont confirmé qu’ils et elles étaient preneurs des aides matérielles dès que possible. Le mois d’août, l’été, n’étant pas vraiment synonymes de vacances vu la situation !

Solidaires dans le cadre intersyndical, tiendra ses engagements en termes de solidarité financière et participera aux initiatives qui seront prises… lorsque celles seront prises ; mais d’ores et déjà nous travaillons à une solution permettant d’acheminer le matériel que nous avons collecté et/ou acheté pour les syndicalistes d’Ukraine avec qui nous sommes en contact depuis des mois. Ce sera à l’occasion d’un deuxième Convoi syndical du Réseau syndical international de solidarité et de luttes, en septembre.

Le Réseau européen Solidarity Ukraine

Ce Réseau rassemble des organisations associatives, politiques et syndicales ainsi que des individus. Il s’est donné pour tâche de coordonner le soutien au plan européen ; une coordination spécifique pour la France a aussi été mise en place. Le Réseau a organisé ou soutenu des manifestations, rassemblements, réunions publiques et appels, ainsi qu’une délégation en Ukraine, en mai. Toute l’information, notamment sur les campagnes en cours (soutien à un prisonnier de guerre, appel contre la « loi travail », droit des femmes), est disponible ici. Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes et Les utopiques font partie des Brigades éditoriales de solidarité qui ont déjà publié 10 tomes de PDF, chacun d’une centaine de pages, Soutien à l'Ukraine résistance.

Le soutien aux personnes réfugiées venant d’Ukraine

Notre activité s’inscrit dans la suite d’engagements anciens et toujours renouvelés de Solidaires aux côtés de ces populations, d’où qu’elles viennent. Nous dénonçons les discours et pratiques discriminatoires entre réfugié∙es.

Solidarité financière : toujours d’actualité

Chèque ou virement à l’ordre du Convoi syndical sont toujours nécessaires ! Les modalités pratiques sont ici.

Pourquoi nous soutenons la résistance ukrainienne

Comme décidé dès les premiers jours de la guerre déclenchée par le pouvoir russe qui a envahi le territoire ukrainien, l’Union syndicale Solidaires appelle, participe et organise le soutien à la résistance du peuple ukrainien ; de même, vis-à-vis des personnes réfugiées venant d’Ukraine. Tant pour ce qui est du soutien aux luttes anti impérialistes que pour les migrantes et migrants, nous le faisons dans le prolongement de nombreuses actions déjà menées pour d’autres régions du monde depuis des années ; pas hypocritement et avec un double discours, comme le font les gouvernements et forces politiques qui organisent la guerre dans le monde depuis des années et font la chasse aux réfugié∙es.

Syndicalistes, nous nous sommes adressé∙es aux camarades syndicalistes d’Ukraine pour connaître leurs besoins : outre les besoins matériels de tout ordre, ils et elles nous ont dit que l’urgence était de soutenir la résistance du peuple ukrainien, à laquelle ils et elles participent, y compris militairement ; pour autant, ils et elles continuent de lutter contre les attaques antisociales du gouvernement Zélensky, comme la récente « loi travail » que le gouvernement ukrainien veut imposer.

Suite au Bureau national du 9 mars, nous avions formalisé le mandat Solidaires, expliqué dans quel cadre nous agissions. Extraits du texte rédigé alors :

"C’est le pouvoir russe, le régime de Poutine, qui porte la responsabilité de cette guerre. Nous devons partir de ce constat. Il s’agit, après notamment l’annexion de la Crimée, d’une nouvelle intervention militaire impérialiste, de la part d’un régime dictatorial qui, directement ou via ses relais et alliés locaux, exerce une très forte répression voire un écrasement des mouvements populaires, dont le mouvement syndical lorsqu’il est indépendant (Russie, Ukraine, Biélorussie, …). Ce constat ne retire rien au fait que nous étions, depuis longtemps, partie prenante de collectifs et initiatives réclamant la dissolution de l’OTAN. Il n’y a aucune raison de remettre cela en cause, c'est un de nos rôles en tant qu’organisation d’un pays membre de l’OTAN, mais l’exigence de dissolution de l’OTAN ne doit pas être utilisée comme un argument qui viserait, volontairement ou non, à « équilibrer » les responsabilités vis-à-vis de ce qui se passe en Ukraine. Le mot d'ordre [de paix négocié] peut être compris (et parfois utilisé) comme renvoyant dos à dos agresseurs et agressé∙es en leur demandant de trouver une solution « raisonnable », alors que la population ukrainienne est agressée et entrée en résistance. […] Il faut soutenir la lutte de la population d’Ukraine contre l’invasion militaire russe, pas revendiquer une « paix négociée » sur la base d’un rapport de force qui entérinerait la situation créée par l’agression impérialiste de l’État russe, par la barbarie militaire en action depuis le 24 février. […] Avec la résistance ukrainienne, l’autre clef de la situation est ce qui se passe en Russie, avec les mouvements de contestation et/ou refus de la guerre, avec les « interrogations » qui se font jour parmi les soldats. Soutenir la résistance en Ukraine et les désobéissances en Russie sont des impératifs aujourd’hui, car on ne construira pas la paix et la justice dans le monde si la résistance ukrainienne est écrasée et que le régime de Poutine sort renforcé par la guerre."