Soutien à la lutte des peuples d’Iran « Femmes, vie, liberté »

Il y a un mois Mahsa Jina Amini, jeune femme kurde, a été tuée par la police des mœurs, car pas assez voilée à Téhéran. Depuis, en dépit de la répression meurtrière, la colère et les actes de désobéissance ne faiblissent pas. Chaque jour des milliers de femmes et d’hommes défient les forces de l’ordre. Le refus des fondements de la République islamique, de la corruption et de la dictature nourrissent la colère. On assiste à un véritable soulèvement populaire déclenché par la lutte des femmes pour leur liberté.

Au 11 octobre, selon Iran Human Rights (IHR), au moins 200 manifestant·es ont été tué·es, dont 23 enfants. Quotidiennement, des centaines de personnes sont arrêtées et détenues arbitrairement. Elles peuvent être envoyé·es dans des "centres de rééducation" islamiques, où elles sont battu·es, violé·es, voire même tué·es.

Le mouvement de contestation se propage à l’ensemble de la population

Les étudiant·es et les lycéen·nes continuent pour leur part de battre le pavé. Le 9 octobre, des étudiant·es de l’université Azad, de Téhéran, ont scénographié la répression du mouvement, en brandissant leurs mains couvertes de peinture rouge. Le 10 octobre, une large foule était rassemblée sur le campus de l’Université de Technologie Amirkabir de Téhéran, pour dénoncer « la pauvreté et la corruption », scandant « mort à la dictature ! ». Des sit-ins ont été organisés par des étudiants du Guilan (au nord), et dans plusieurs écoles pour filles, les écolières ont retiré leur voile en signe de protestation. Certaines ont été arrêtées et conduites dans des "centres de rééducation".

Les appels à la grève générale se multiplient dans le pays. Le 12 octobre, les commerçants ont poursuivi leur grève dans les villes kurdes de Sanandaj, Saqqez de Sanandaj, Saqqez, Boukan et Baneh. Dans certaines villes des provinces de l’ouest de l’Iran, les magasins sont restés fermés. A Téhéran, certaines boutiques retirent les voiles islamiques de la vente. #jenevendspasdevoileobligatoire. En parallèle, des travailleurs du secteur pétrolier commencent à se mobiliser et rallient le mouvement. Depuis le 10 octobre plus de 4 000 travailleurs seraient en grèves sur plusieurs sites pétroliers affectant ainsi les raffineries de Bouchehr, d’Asalouyeh et d’Abadan. Dans des vidéos circulant sur Twitter, on voit des travailleurs du site de Bouchehr, bloquer la route et scander des slogans anti-régime. Sur le site pétrochimique d’Assalouyeh, dans le Sud-Est, des ouvriers brûlent des pneus.

Les grèves, en particulier celles déclenchées par les syndicats représentant le secteur du pétrole et de l’énergie, pourraient faire trembler le pouvoir. En septembre 1978, l’entrée en grève de la pétrochimie pour protester contre le régime du Shah avait contribué à la chute du régime quelques mois plus tard.

Le 11 octobre, la principale association médicale du pays a publié une déclaration signée par 800 médecins condamnant la violence et soutenant les revendications du mouvement en cours. Un groupe d’avocat-es a organisé une manifestation devant un bâtiment judiciaire pour dénoncer les violations des droits de la population.

L’Union syndicale Solidaires affirme sa solidarité avec les iranien·nes

Nous condamnons fermement la répression envers les manifestant·es et nous appelons le gouvernement iranien à libérer immédiatement et inconditionnellement tou·tes les manifestant·es, défenseur·es des droits humains, syndicalistes, militant·es étudiant·es et journalistes détenu·es.

Nous soutenons le droit essentiel des femmes à disposer de leurs corps et l’abrogation de la loi rendant obligatoire le port du Hijab ainsi que toutes les lois phallocratiques en vigueur.